IRONMAN FRANKFURT European Championship

22 Août 2010 je termine mon premier 1/4 à Lausanne. Six ans plus tard, après huit 1/8, vingt 1/4 et trois 1/2 me voilà au départ de mon premier Ironman. 

Pourquoi un Ironman et pourquoi Francfort? L’an passé sur le 70.3 de Vichy, je m’entend encore me dire “Jamais d’Ironman, ce serait une torture en course à pied.” Le lendemain, Cowboy et Simon (deux amis du RCBT) s’élancent pour leur premier Ironman. Avec tous les membres du RCBT qui courraient la veille, nous passons notre journée à les encourager. Et là c’est le déclic ! Cette ambiance de fou sur tout le parcours, l’atmosphère particulière qui règne tout au long de la journée, l’émotion de Cowboy quand il franchit la ligne, les finishers de plus de 60ans, … C’est décidé, un jour j’en ferai un. Après avoir reçu l’accord de madame et motivé Matth à bien vouloir se lancer dans l’aventure avec moi, nous décidons de nous inscrire pour Francfort. Parcours très très roulant à vélo, accessible en voiture en quelques heures, idéalement planifié au début des vacances histoire de ne pas devoir les consacrer à la préparation. Bref ce sera pour le 03 Juillet 2016, la date est fixée. 

Préparation Il était clair que si je me lançais dans un projet comme celui­là, je m’y metttais à 100% et je mettais tout ce qu’il faut en place pour avoir un maximum de chance que ça se passe bien. Je me suis donc entouré d’une petite équipe pour atteindre mon but. 

  • Un coach pour planifier ma préparation et améliorer mon niveau en course à pied afin de me préparer à enchaîner un marathon après 180km de vélo. 
  • Un coach spécifique natation grâce à ma présence dans la team élite du RCBT. 
  • Une nutritionniste pour avoir les réserves nécessaires pour affronter cette épreuve. 
  • Une kinésithérapeute afin d’éviter les blessures lors de ma préparation. J’ai également fait un bikefit pour améliorer ma position sur le vélo et acheté de nouvelles roue pour un meilleur rendement. Ma préparation a commencé en Octobre, avec un entraînement par jour (lundi ­ natation, mardi ­ CAP, mercredi ­ natation, jeudi ­ rouleau ou CAP, vendredi ­ natation, samedi ­ 

IRONMAN FRANKFURT European Championship 03/07/2016 

rouleau ou vélo, dimanche ­ rouleau + CAP) et avec une semaine de stage en Espagne. Pour un total, pendant ma préparation, de 285 km en natation, 1822 km de vélo et 1217 km de CAP. Et une moyenne de 12h d’entraînement par semaine (maximum : 15h). Puis plusieurs courses de préparation dont le 70.3 de Aix, début Mai, qui s’est assez mal passé dû à mon manque d’hydratation et à l’envie de trop bien faire (au final j’en tirerai les leçons pour mon Ironman) et le 1/4 de l’Eau d’Heure où je fais une super course à pied comme rarement sur 1/4 (de bonne augure pour la suite). Au final, cette préparation s’est très bien passée, sans soucis particuliers, sans blessures, sans période de démotivation, … Et ce sûrement grâce à la team Ironman du RCBT. Sept triathlètes dont cinq pour qui c’était le premier complet. 

Vendredi 01/07/2016 J­2 Nous partons le matin pour Francfort avec Fred, Matth, Xa et Pascal. Après une installation rapide à notre hôtel qui se trouve sur le parcours CAP (course­à­pied), nous prenons la voiture pour reconnaître le parcours vélo. Nous devrons d’abord quitter le plan d’eau où nous nageons en suivant une autoroute entièrement fermée à la circulation pour rejoindre Francfort (un label Ironman c’est quand même une organisation au top !). Cette première partie d’une quinzaine de km est en faux plat descendant, autant dire qu’on va se faire dépasser par des fusées. Ensuite, après être passé dans le centre de Francfort, à proximité de la ligne d’arrivée, nous partirons pour deux boucles de 80km. Parcours très roulant à travers la campagne allemande. Il y aura quand même quatre “difficultés” sur cette boucle. The Beast (côte d’un peu plus d’un km à du 7% de moyenne), The Hell (faut plat montant en pavés à travers le village de Maintal­Hochstad), Hühnerberg (côte de moins d’un km), Heartbreak Hill (côte la plus raide mais la plus courte également). La reconnaissance du parcours me rassure, il ne devrait vraiment pas être trop exigeant pour les jambes et je pourrai donc commencer mon marathon dans les meilleures conditions. 16h30, nous assistons au briefing dans les gradins de la ligne d’arrivée qui est située sur la place de Römerberg. Dans deux jours ces gradins seront remplis de spectateurs et nous serons acclamés comme il se doit au moment de franchir la ligne. Hâte d’y être ! Après le briefing, nous allons nous inscrire. Nous recevons nos dossards, nos autocollants, nos tatouages, notre bonnet, nos sacs de transition et notre sac à dos. L’excitation monte ! Nous passons par l’Ironman­village où nous immortalisons l’instant dans le coin des athlètes. Et où nous signons le mur des participants. Ensuite quelques achats de matériel manquant et retour à l’hôtel le long du Main. La soirée se termine au restaurant Italien (pâtes obligent) avant de regarder le match des 1/4 de finale de l’Euro: Belgique­Pays de Galles. Grosse désillusion, heureusement ce sera le seul point négatif du week­end. 

Samedi 02/07/2016 J­1 Après une bonne nuit de sommeil et un petit déjeuner assez copieux, nous partons pour notre dernier entraînement. Trente minutes de vélo (sous la pluie) sur le parcours course à pied qui longe le Main. Enchaîné par vingt minutes de Cap et cinq déboulés. Les jambes tournent bien, je suis prêt, vivement le départ! 

Retour à l’hôtel, dîner, sieste, puis nous terminons de préparer nos sacs de transitions avant de partir pour le Langener Waldsee, plan d’eau dans lequel nous nagerons. Nous rentrons dans la zone de transitions 1 où nous devons trouver notre place parmi plus de 3000 triathlètes et des vélos tous plus beaux les uns que les autres. Nous déposons juste notre vélo, nous procéderons aux derniers réglages dimanche juste avant la course. Petite inquiétude quand même quand je vois qu’il y a un mini trou d’un mm dans mon pneu avant alors que je les avais vérifié en quittant la maison. Matth me rassure en me disant que ce n’est rien, je décide donc de lui faire confiance et de sortir ce stress inutile de ma tête. Nous allons ensuite reconnaître le parcours natation. Trempons la main dans l’eau : bonne nouvelle, elle est à bonne température. La journée se termine comme la veille au restaurant Italien (pâtes et risotto). 11h, couché, dans 8h c’est parti ! 

Dimanche 03/07/2016 Jour J 3h55 : le réveil sonne après une courte nuit de “sommeil”. Ça y est le jour tant attendu depuis plus de neuf mois est arrivé ! Mélange entre excitation et stress. 4h00 : petit déjeuner à l’hôtel entre triathlètes. Ambiance d’avant course, peux de bruit, tout le monde pense à cette journée qui nous attend. Pour me rassurer je me dis qu’on est tous dans le même bateau. 4h45 : départ de l’hôtel pour aller chercher la navette qui nous conduira au plan d’eau. 30min de file plus tard nous sommes dans le bus. Je m’assieds entre un groupe de triathlètes de Herve qui ouvrent des grands yeux quand je sors mon gâteau sport : “Tu vas tout manger ? Courage !” Ce sont, pour la plupart, des habitués de la longue distance, l’ambiance est bonne et ça me relax. 5h45 : derniers encouragement avec la team Ironman RCBT avant de nous séparer. Matth et moi rejoignons nos vélos, accrochons nos chaussures et nos sacoches pour le ravitaillement sur le vélo, regonflons nos pneus et faisons nos derniers réglages. 6h15 : alors que nous faisons la file pour les toilettes, j’entends un message de ma petite femme au micro, je souris tout seul, tellement heureux d’entendre ces encouragements et de partager ce moment avec elle! Ensuite nous sortons de la zone de transitions, un dernier bisous à Fred qui s’est levée en même temps que nous pour être là au départ (quelle femme extraordinaire) puis nous nous dirigeons vers notre boxe de départ (1h­1h10) et attendons le signal. Je prend déjà un premier gel pour ne pas puiser dans mes réserves en natation. Ça y est, ce moment tant attendu est arrivé. A gauche, derrière les barrières Fred, juste à ma droite mon ami, mon partenaire, Matth avec qui j’ai passé toute cette préparation. Tout devrait bien se passer, en tout cas toutes les conditions sont rassemblées pour que ce soit le cas : 

  • départ en rolling start (cinq triathlètes lâchés toutes les trois secondes), 
  • la température de l’eau à 21° qui nous permet de nager en combinaison (parfait pour le frileux que je suis), 
  • la température extérieure de 16° (ça s’annonce bien pour le marathon). Bref, je suis bien, relâché et pas stressé, je profite du moment (merci Cowboy pour le conseil). 6h50 : ça y est le départ est donné, Matth et moi (qui sommes restés ensembles jusqu’à ce moment là) nous élançons pour notre premier Ironman. 

Comme prévu, je rentre facilement dans l’eau et me mets à nager calmement. J’essaye de me mettre dans les pieds pour économiser mon énergie (thème de la journée) mais la plupart des triathlètes nagent moins vite que moi. Je choisis donc de suivre ma propre voie, j’ai généralement une très bonne orientation dans l’eau et je décide de m’y fier. Je pose ma nage, allonge au maximum pour augmenter mon temps de glisse sur l’eau et donc m’économiser. Les autres triathlètes sont vraiment relax, je ne reçois quasi aucun coups (ça change des 1/4) et profite donc du moment à 100%. C’est rare, mais pour une fois sur un tri, je prend vraiment mon pied en natation. Après 1500m j’arrive à la sortie à l’australienne, je regarde ma montre, j’avais prévu un temps de passage entre 23 et 25min, je suis en 24’45, c’est parfait. Phil, notre caméraman attitré s’est placé là sur ce petit passage course à pied, je l’appelle et fais coucou à la caméra avant de replonger dans l’eau pour la deuxième partie de 2300m. Sur le retour de cette deuxième partie, j’arrive enfin à trouver des pieds dans lesquels je me mets. J’augmente ma fréquence de battement de jambes afin de réactiver mes jambes. Et puis c’est déjà la sortie de l’eau, j’ai l’impression d’avoir nagé 20min. Résultat 1h01, c’est parfait je voulais être sous les 1h05. J’aperçois Fred derrière les barrières qui mènent à la zone de transition et l’embrasse en lui criant : “1h01 génial “. Je prend le temps de gérer ma transition correctement. Casque, lunettes, dossard et manchons (je me connais, malgré les 17/18° je vais avoir froid sur le début du parcours) puis je cours vers mon vélo. 5’50” pour ma première transition sur IM. 8h00 : je sors de la zone de transition et saute sur mon vélo avant d’enfiler mes chaussures et de manger ma première demi­banane. C’est parti pour 180km ! La température de l’air est correcte, mais comme souvent lors de mes premiers km sur le vélo, je claque des dents. Même si (comme prévu) je me fais dépasser par des avions de chasse, je respecte ma stratégie de début de course : RELAX ! Malgré ça, j’arrive dans Francfort après une grosse quinzaine de km à plus de 34km/h de moyenne. La route qui nous conduit hors de Francfort est très légèrement bosselées et après une de ces petites bosses et un changement de vitesse trop brutal : crack ! Le gars qui me suit crie : “Ho shit!”. Ma toute nouvelle chaîne vient de se rompre. Heureusement sans faire d’autres dégâts. Directement je réagis positivement, “calme, tu as tout ce qu’il faut pour réparer, garde ton sang froid afin de ne pas perdre plus de temps”. Je m’arrête donc sur le côté et répare ma chaîne à l’aide de deux attaches rapides. Matth, sorti de l’eau 4min derrière moi, me dépasse en me demandant si ça va, “Oui oui c’est bon continue”. Après avoir remis ma chaîne, je remonte sur le vélo et relance la machine. Mais j’entends directement qu’il y a un bruit de frottement quelque part et m’arrête de nouveau pour regarder d’où il vient. J’ai mal remis ma chaîne, et au lieu de passer en­dessous du guide de patte de dérailleur, elle passe au­dessus, ce qui cause le frottement et donc le bruit. Je corrige tout ça et repars. J’ai perdu moins de cinq minutes, mais je suis surtout passé à côté de dégâts beaucoup plus graves qui auraient pu mener à l’abandon. J’en suis persuadé, il est là et veille sur moi de là haut ! Je me remets en selle et retrouve mon rythme en faisant bien attention à mes changements de vitesse. Les difficultés s’enchaînent e,t grâce à mon plan de nutrition, les km défilent. Les jambes tournent super bien et j’applique les conseils donnés, une dent en moins quand ça tourne bien, boire régulièrement (merci Sim pour le bidon), profiter des descentes pour augmenter la vitesse moyenne sans se dépenser exagérément, s’étirer de temps en temps, … 

Après 60km, j’entame le retour vers Francfort, un léger vent de sud ouest s’est levé mais on a connu bien pire à Aix avec le mistral, donc pas de stress, ce n’est pas ce petit vent qui va me déstabiliser ! Au loin, on voit les gratte­ciels de Francfort, je profite de la superbe vue. 11h00 : Je termine ma première boucle à du 33km/h de moyenne. Je suis bien en avance sur mes pronostics, ce qui fait que mes supporters ne sont pas encore là. Malgré tout j’entends un “Allez Adri”, mais je ne sais toujours pas qui c’était. Je repars pour la deuxième boucle, les jambes tournent toujours aussi bien et je respecte scrupuleusement mon plan de nutrition afin que mon organisme n’aille pas encore chercher dans mes réserves (en moyenne je mange une demi barre par 10km, vide un bidon toutes les 45’ (merci Phil) et avale une capsule d’eau de mer tous les 50km). Les deux premières difficultés sont passées sans aucun problème et je profite de ma course. Dans chaque village que nous traversons, c’est la fête. Les gens se sont rassemblés et nous encouragent (fanfare, Dj, …). Les enfants tendent les bras pour des high­five et je leur tape dans les mains, c’est aussi grâce à eux que cette journée est unique. 12h15 : Après l’avoir croisé sur le bord de la route dans un village, Phil (notre caméraman attitré) me rejoint sur sa moto et me filme pendant dix minutes alors que je suis dans la troisième côte du parcours. J’ai vraiment l’impression d’être dans une course cycliste et ça fait bizarre par rapport aux autres triathlètes qui doivent se demander qui je suis pour être filmé comme ça. Km 120 ­ sandwich, sur les bons conseils de Cowboy je me suis préparé deux petits sandwichs mous au filet de poulet afin de me faire un petit plaisir et pour varier le goût en bouche. Étonnement, mes barres me goûtent et je les mange avec plaisir. Après 140km, j’entame le retour sur Francfort, le léger vent de sud ouest s’est un peu durci et fait légèrement baisser ma moyenne. Tant pis pour la moyenne, je garde mon rythme afin de m’économiser car je commence à sentir mes jambes. 13h00 : La météo jusque là très clémente (ciel légèrement couvert avec de belles éclaircies) se gâte un peu et la pluie fait son apparition sur le parcours. Heureusement, il ne me reste qu’une vingtaine de km. Je passe une deuxième et dernière fois dans Heartbreak Hill, où les supporters se sont amassés des deux côtés de la route et forment une haie d’honneur dans laquelle on ne passe qu’à deux de front. On se croirait dans une étape alpesque du tour de France. Grosse ambiance ! Ensuite, j’entame les derniers km en descente vers Francfort, je m’étire et me redresse afin d’ouvrir ma cage thoracique et préparer ma transition course à pied. La pluie s’est calmée, mais la route est bien mouillée et je lève le pied afin d’éviter la chute. Je descend du vélo après 5h33 d’effort à du 32.4km/h de moyenne, le temps est passé très vite et je me suis amusé sur le vélo. Les jambes sont un peu fatiguées, mais pas plus que ce que à quoi je m’attendais. Jusque là cette journée est superbe et à la hauteur de mes attentes. 13h30 : Après avoir sorti les pieds de mes chaussures, je prend le dernier virage à droite qui m’amène vers la zone de transition 2. Je donne mon vélo à un bénévole et cours vers les sacs de transition. A mon étonnement, ils sont parterre, les uns sur les autres et je galère pour retrouver le mien. Et puis un éclair de lucidité me traverse, je suis occupé à chercher dans les sacs bleus (sac de la 1ère transition) alors que tous les sacs rouges (sac de la 2ème transition pour la Cap) sont alignés sur des rails. Il suffisait de suivre le tapis ! 

J’attrape mon sac, rentre dans la tente pour me changer et m’assied pour enfiler mes baskets. Je met ma casquette, prend mes gels et pastilles de sel et ressort de la tente. Mes copains de Huy qui ont fait le déplacement spécialement pour moi sont juste là à droite, je lance mon sac rouge dans la dropbox en l’envoyant au­dessus de deux concurrents puis me décale pour quelques high­five avec mes amis. Quel énorme plaisir de les voir là ! Les premières sensations sont très bonnes et j’essaye de me freiner pour respecter les consignes du coach (5’15’’/km) mais vu mon excitation et vu la façon inespérée dont répondent mes jambes je n’y parviens pas et cours en 5’/km. Après mes copains, c’est le papa et la soeur de Matth qui m’encouragent (“C’est de la gestion maintenant”). Au premier ravitaillement, je plonge ma main dans la poche arrière de ma trifonction pour y prendre ma première pastille de sel, mais mauvaise nouvelle, j’ai dû les perdre lors de la transition. Tant pis, il y a des petits sachets de sel aux ravitaillements, ça fera amplement l’affaire (délicieux d’avaler ça en une traite …). Après 1.5km, j’aperçois ma petite femme Fred, ma maman, mon frère Ben, ma belle­soeur Aude et ma nièce adorée (qui sont revenus de Casablanca spécialement pour cette journée). J’ai un énorme sourire aux lèvres, je suis tellement heureux qu’ils soient tous là pour partager ce moment avec moi. Juste avant le troisième ravito, je croise Matth qui a 1 km d’avance sur moi, je suis content car normalement nous devrions tous les deux terminer cet Ironman. Au 7​ème km, je me fais dépasser par le leader de la course, Sebastian Kienle qui terminera sa course en 7h52. Je regarde mon voisin de droite et lui demande s’il est dans son deuxième ou troisième tour, “c’est son dernier” ! Ha oui ça va vite, très vite. Le premier tour se termine et je cours en 5’02’’/km, c’est parfait je pourrais terminer ce marathon en 3h30… Après un deuxième passage devant mes amis et ma famille, je prends un ravitaillement supplémentaire. Ma planification alimentaire sur la Cap est trop juste et je dois m’alimenter plus que prévu. Ce n’est rien, il y a des ravitaillements tous les km et demi ça ne posera donc pas problèmes. 1h15 après mon départ en Cap, mes jambes deviennent douloureuses, je me doutais que ça arriverait, mais pas aussi tôt. Il va falloir tenir et c’est maintenant que le mental doit jouer. Je termine le deuxième tour en moins d’une heure, je suis donc passé de 5’/km à 6’/km. Mais j’ai déjà fait la moitié, dans 21km c’est fini, je m’accroche et je vais puiser dans mes ressources mentales. Je repense à tous ces entraînements que j’ai fait pour préparer cette journée, je vais terminer cet Ironman, dans la douleur peut­être, mais j’en suis capable. Chaque passage près de mes supporters me redonne du courage et de la motivation. Je rattrape Xa avec qui je cours un bon km, on discute, on plaisante, ça aide à faire passer les km. Je repasse devant ma famille qui, sentant que j’avais besoin de soutient, à traversé le Main pour m’encourager. Puis, alors que la pluie s’abat, je m’attache à un autre coureur, dans sa foulée et avec un gel en plus, la douleur diminue et je maintient le rythme. Hélas, il s’arrête au ravito et me revoilà seul pour quelques km. J’attrape mon avant­dernier chou­chou et termine mon troisième tour en 1h02 plus ou moins (ma montre est déchargée et je ne vois plus mon chrono, je n’ai donc plus d’indication sur ma vitesse). Il ne reste plus qu’un tour ! Je passe devant mes copains de Huy. Guib qui sent que ça devient de plus en plus difficile, m’accompagne sur quelques dizaines de mètres, puis c’est à mon frère à qui je demande 

l’heure, 16h50. “Ça va je suis toujours dans mes estimations”. Encore un excellent moment partagé avec mon frère qui m’encourage et m’accompagne jusqu’au prochain ravitaillement. Ça devient de plus en plus difficile d’avaler quoi que ce soit, et alors que je me l’étais interdit jusque là (enseignement de Aix), je m’autorise une petite gorgée de coca. J’entame ma dernière ligne droite le long du Main (qui semble chaque tour plus longue) et commence à penser au finish. Dernier chou­chou, dernier ravito et je quitte le circuit pour entamer les derniers mètres qui me mèneront à la ligne. 17h30 : Je cours les deux derniers hectomètres de mon marathon sur le tapis aux logos Ironman. Juste avant l’entrée vers les tribunes, j’aperçois ma famille, tous sourires aux lèvres. Je rentre sur la grand­place de Francfort, transformée pour l’occasion en stade avec deux énormes gradins de part­et­d’autre du tapis. Les gens applaudissent et le speaker met l’ambiance. À gauche, ma petite femme Fred qui a réussi à se frayer un chemin dans la foule jusqu’au premier rang. L’émotion est énorme et je sens de petites goûtes couler sur mes joues. Elle me donne le drapeau belge, je l’embrasse et elle éclate en sanglots. Puis 10m plus loin ce sont mes copains de Huy qui sont déchaînés. Je brandis le drapeau, lève mes deux bras au ciel et pense très fort à mon bon­pa qui m’a donné le goût de la natation et surtout à mon papa, toujours présent avec moi et qui a veillé sur moi aujourd’hui. Je franchis la ligne, ÇA Y EST JE SUIS UN IRONMAN ! 10h43 au chrono, waw je n’en reviens pas, j’espérais secrètement être sous les 11h, mais je n’avais jamais imaginé réaliser un tel chrono. Je suis fier, heureux et satisfait. Tout s’est super bien passé et mes heures d’entraînement ont porté leurs fruits. Quelle journée je viens de vivre, elle restera gravé à jamais en moi. 

Remerciements La première personne que j’aimerais remercier, c’est mon épouse, Frédérique. Elle qui a accepté que je me lance dans ce défis. Elle qui a subis les heures d’entraînement et en conséquence mes absences répétées. Elle qui, malgré tout, a toujours été là pour me soutenir et m’encourager. Et enfin, elle qui a été notre première supportrice pendant tout ce weekend et qui a couru de droite à gauche pendant toute cette journée pour m’apporter un soutient tellement précieux. Merci pour tout Frédérique Skieresz, tu es une personne en or ! 

J’aimerais également remercier : 

  • Toutes les personnes qui ont fait le déplacement à Francfort et qui m’ont encouragé pendant toute la journée. Ma famille (maman, Ben, Aude, Apolline), mes amis de Huy (Guib, Maiz, Jerem, Thom), Didier et Caroline Seha, Cécile, Louise, Stephanie et la famille Calle. 
  • Matth mon partenaire d’entraînement qui a accepté de relever ce défi avec moi et avec qui nous formions un duo de choc. “Seul, ça n’aurait vraiment pas été pareil, merci pour tous ces bons moments et félicitations pour ta perf. Sacré Pimpim !” 
  • La team Ironman 2016 du Rcbt, Seb, Nacho, Ben et tout particulièrement Tic et tac, le deuxième duo de choc, deux amis géniaux avec qui nous avons vécu de grands et de très beaux moments. 
  • Fernand, mon coach, qui m’a fait progresser en course à pied et qui m’a permis de réaliser ce chrono inespéré. 
  • Manu, le coach natation de la team élite, grâce à qui j’ai amélioré ma glisse sur l’eau. 
  • Phil, notre caméraman attitré qui nous a suivi tout au long de notre préparation et qui, grâce à son film, va nous laisser un souvenir exceptionnel. “Merci pour cet énorme cadeau que tu nous fais.” 
  • Cowboy, qui m’a donné le déclic pour me lancer et qui sans son accident aurait été là avec nous. “Tes nombreux conseils, très pertinents, m’ont permis de réaliser une course presque parfaite, merci mon ami.” 
  • Toutes les personnes qui de prêt ou de loin ont fait que cette journée s’est si bien passée : Murielle ma kiné, Rosalie ma nutritionniste, Olivier mon concepteur de roues, Sim pour le bidon, Thierry pour le sponsor, Dim pour l’organisation. 
  • Le Rcbt, grande famille qui nous a poussé et encouragé. Et tout particulièrement la team élite pour les entraînements et stage en commun et Phil notre président pour ses conseils expérimentés.