Pour ceux que ça intéresse, voici le compte-rendu de mes championnats du monde à Lausanne.
En bref :
2h18’50” (swim => 27’13”, bike => 1h06’40”, run => 40’39”), 43ème de catégorie sur 115 et 218ème sur près de 1900 participants.
En plus long :
ITU World Triathlon Grand Final Lausanne 2019
Chièvres – Août 2018
Dernier tri de préparation avant les mondiaux en Australie, grâce à une très bonne course, je me qualifie pour la 2ème année consécutive aux championnats du monde qui auront lieu à Lausanne en Août 2019.
Mais vu l’année de préparation Ironman qui m’attend en 2020, je décide de faire une année 2019 “sport-plaisir”, de faire ce que je veux, quand je veux et de participer aux mondiaux juste pour le plaisir, sans préparation spécifique.
Saison 2019
Après un stage de Pâques trop volumineux, mon genoux me fait mal, c’est le syndrome de l’essuie-glace, mauvaise nouvelle alors que la saison 2019 va tout juste commencer. Le moral en prend un coup.
Le premier tri de la saison se passe super bien vu que je termine 4ème du triathlon sprint de Tournai. Mais mon genoux me fait très mal les jours qui suivent et je décide de ne plus courir avant le 1/4 de Seneffe (deux semaines plus tard). Tri auquel je participe en sachant que je devrai lever le pied en cap. La nat se passe super bien et le vélo aussi, mais comme prévu, je me force à trottiner sur la partie cap car mon genoux est encore douloureux.
Un mois plus tard, un mois sans beaucoup d’entraînements cap, je suis à Obernai pour le déplacement du club, un semi hyper vallonné (tout ce que j’aime …). De nouveaux je sors une grosse nat et un bon vélo. Et bonne nouvelle, moi qui pensais peut-être ne même pas m’élancer en cap, je sors également une bonne cap sans ressentir mon genoux.
Mi-juillet, après la reconnaissance du parcours des mondiaux à Lausanne avec mon ami Dichon (ce sera difficile car le début est très cassant avec trois côtes pas trop longue mais assez raide) je participe au 1/4 de Genève, de nouveau une super nat (au final, en nat, j’ai gardé le rythme d’entraînement normal donc 3 entraînements/semaine), un très bon vélo et une excellente cap, le moral est au beau fixe et je revois mes objectifs à la hausse. Je participerai aux mondiaux non pas juste pour le plaisir, mais pour performer et je vais donc m’y préparer.
Bütgenbach, triathlon 1/8 fin Juillet, première course avec mon nouveau CLM et 1ère course de la saison sans combi (bon entrainement pour Lausanne où nous devrions plus que probablement nager également sans combi). Pour la première fois en 9 ans de triathlon, je sors une natation sans combi correct et prend le plein de confiance pour les mondiaux.
Deux semaines plus tard, le rendez-vous annuel de La Gileppe, tout simplement ma meilleure course de la saison. Je suis en forme et ça se ressent dans les trois disciplines. De bonne augure pour Lausanne.
Dernière quinzaine d’entraînement en “stage” à la mer, grosse charge d’entraînement mais ça tourne très très bien et j’arrive à tenir des rythmes en cap que je n’ai jamais tenu. Bref je suis prêt !
Lausanne J -2
Après une semaine de “récup” en stage à Bütgenbach avec les jeunes du club, Max et moi arrivons à Vevey chez Dichon en fin de journée. On passe la fin de soirée à discuter du briefing, du port de la combi ou pas et des pronostics (ça devrait être très serré entre nous trois).
Lausanne J -1
Nous passons notre matinée à Vevey après une bonne nuit de sommeil et arrivons à Lausanne vers 11h30, le triathlon sprint est en cours et nous encourageons les gars du club et les nombreux belges qui y participent. Nous récoltons leurs impressions et ils nous conseillent sur le parcours.
14h21, c’est la Manche finale du championnat du monde pour les pros. Max et moi sommes aux premières loges et à fond derrière nos deux belges (Jelle Geens et Marten Van Riel) qui prennent le départ.
Après leur course, nous allons déposer nos vélos en zone de transition, c’est un grand parking de plus de 200m de long et 100m de large rempli de milliers de vélos (nous serons 2000 à prendre le départ demain).
A 17h00 c’est au tour des filles de s’élancer pour leur finale. De nouveaux, on supporte nos deux belges alignées (Claire Michel et Valérie Barthelemy). Et cerise sur le gâteau, Jelle et Marten se mettent juste à côté de nous pour les encourager également, on prend des photos ensemble, on discute de leur course puis vers 19h on rentre à Vevey. Souper (des pâtes évidemment), préparation des sacs et à 23h au lit. Je ne suis pas trop stressé bien que le port ou non de la combi me trotte en tête, je croise les doigts pour que la température de l’eau du Léman baisse durant la nuit.
Lausanne Jour J
05h05 réveil, on s’habille, on colle les tatouages puis prenons la direction de Lausanne.
06h30, on installe nos affaires en zone de transition, pas besoin de combi, on nagera sans, l’eau est à 23,1° (le stress monte, moi qui n’aime pas nager sans combi).
07h00, on prend la direction du départ natation en trottinant pour nous échauffer.
Arrivé sur place, Dichon remarque que le lac est agité mais je ne fais pas attention à sa remarque et je fais un premier échauffement de 300m dans l’eau pour sentir la température. Bonne nouvelle, je ne la trouve pas trop froide, le stress disparaît et laisse place au fighting spirit. Je termine mon échauffement puis vers 07h40, je prend place dans mon box de départ. Un dernier high-five avec Max qui démarre 5min avant moi puis je me retrouve seul. Le temps de faire le vide, de souffler un bon coup une dernière fois.
Je suis prêt, confiant et motivé comme jamais à faire une grosse course et si possible, réitérer mon exploit de l’an passé en Australie.
07h47, je rentre dans l’eau et vais me placer en première ligne (ça avait bien fonctionné à la Gileppe alors je recommence). Nous sommes une soixantaine dans ma vague.
07h49, le départ est donné, je prend un départ très rapide en direction de la première bouée (comme d’habitude, je compte nager vite pour sortir du pack et éviter les coups puis diminuer le rythme et trouver des pieds). Tout se passe bien jusqu’à la bouée, je suis dans les 5 premiers et j’ai eu un départ tranquille.
Mais mauvaise surprise, après avoir viré à gauche à la bouée, comme Dichon l’avait remarqué, le lac est agité et il y a des creux de 20 à 30 cm. Situation totalement inhabituelle pour moi (et pour beaucoup d’autres triathlètes) qui me perturbe fameusement. Moi qui comptait me calmer et allonger pour retrouver mon souffle, je dois me battre et lutter contre ces petites vagues. Très rapidement je commence à stresser (l’absence de combi et donc le fait qu’on est qd même plus vulnérable ne me rassure pas) et le mental ne suit plus du tout. Chose totalement inhabituelle pour moi, je dois faire plusieurs mouvements de brasse pour essayer de me calmer. Les autres nageurs me dépassent et je perds de nombreuses places, le moral chute totalement.
Plusieurs minutes passent et j’arrive finalement à poser ma nage. Mais ces vagues me déstabilisent totalement. Après 1000m, j’arrive au demi-tour et je retrouve des pieds auxquels je m’accroche sans difficultés. Mais à la bouée suivante, je suis bousculé et on fait le forcing pour me dépasser. Les premières femmes de la vagues suivantes nous ont déjà rattrapé alors qu’elles partaient 4 min après nous. De nouveaux le moral en prend un coup. Je termine la natation en restant dans un groupe et sort de l’eau en 27’13.
Assez déçu de moi, j’espérais sortir une grosse nat mais ce ne fut pas le cas.
Après coup, ce n’est pas si mal au regard des résultats de ma catégorie, où à part les 10 meilleurs, tout le monde se tient entre 26´ et 28′.
Bien décidé à effacer ce début de course décevant je m’élance pour le vélo après 3′ de transition et casi 800m de course à pied (la zone de transition est vraiment grande).
Comme repéré en juillet, le début du parcours est très cassant avec trois côtes qui s’enchaînent, les jambes qui ont travaillé plus que d’habitude en natation sont déjà bien douloureuses. Mais heureusement au sommet de la dernière côte, on enchaîne avec 10km très roulant et la moyenne passe enfin au-dessus des 30km/h. Un peu avant le turning point, je croise Max qui est parti 5min avant moi, d’après mes calculs, il n’a plus que 4’30” sur moi. Je pense revenir sur lui mais en réalité, il rattrape le retard accumulé après sa natation.
Au début du deuxième tour, un Suisse me dépasse mais n’arrive pas à creuser un réel écart. Je décide donc de le tenir en point de mire, ça me fait un bon lièvre. A la fin de la dernière côte, j’ai l’impression de croiser Max, ça me donne la patate mais je me rend compte rapidement que ce n’était pas lui car je le recroise plus tôt qu’au premier tour, il a donc rattrapé son retard et est en train de prendre l’avance.
Je pose donc le vélo après 1h06’40”, satisfait de mon vélo.
Je débute la cap avec un petit point de côté mais qui va rapidement s’estomper. De nouveaux, la première moitié du parcours est casse-pattes, après 1,5km le long du lac, on attaque avec un mur dans lequel certains triathlètes marchent tellement c’est raide. On redescend au bord du lac par un chemin en lacets (difficile de relancer) puis à nouveaux on enchaîne avec deux petites côtes qui cassent le rythme. Heureusement, comme pour le vélo, la deuxième moitié du parcours est ultra plate et l’allure repasse sous les 4′. Les supporters belges placés le long du parcours nous encouragent et nous poussent à nous donner à 100%.
Dans le deuxième tour, j’accélère le rythme, les jambes tournent bien et j’ai encore de l’essence dans le moteur. Dans la dernière ligne droite de 2km, je donne tout et je reprend pas mal de concurrents de ma catégorie. Je boucle la cap en 40’39, satisfait vu le parcours.
Après avoir passé la ligne, mes sentiments sont mitigés, je suis content et surtout fier d’avoir à nouveau pu représenter mon pays, satisfait de mon vélo et de ma course à pied mais déçu de ma natation et surtout de cette perte de contrôle juste après le départ.
Je boucle ce tri en 2h18’50”, 43ème de catégorie sur 115 et 218ème sur près de 1900 participants.
Au final, après avoir analysé les résultats et en avoir discuté avec les autres belges présents à l’arrivée, tout le monde en a bavé en natation et tout le monde a trouvé le parcours vélo et cap plus compliqué que prévu.
Donc je peux être satisfait, j’ai finalement fait une bonne course (mais j’espérais encore mieux) et après 9 années de triathlon, j’ai encore emmagasiné de l’expérience.
En route pour 2020 et un nouveau défi : Ironman Vitoria